BRETAGNE INSOUMISE
Région Bretagne
DE MANIÈRE GÉNÉRALE QUELS SERONT LES OBJECTIFS ET LES MOYENS POUR LA CULTURE, ET PLUS PARTICULIÈREMENT POUR LES MUSIQUES ACTUELLES, DURANT VOTRE MANDAT ?
Parce que la culture est un droit pour chacun, nous voulons garantir son accès et sa pratique à tous, partout sur le territoire.
Or, suite à la crise sanitaire de nombreux acteurs et actrices se retrouvent aujourd’hui précarisés et en danger. Une politique publique culturelle ambitieuse ne peut se faire sans prendre en compte les acteurs locaux qui doivent pouvoir vivre décemment de leurs métiers et se projeter sereinement.
Nous proposons une politique qui garantisse la liberté d’opinion et de création des artistes, protégée de toute instrumentalisation politique, religieuse et de tout asservissement aux logiques marchandes. Elle passe par un soutien massif et ambitieux à toutes les formes et expressions artistiques ainsi qu’à toutes les structures permettant leur pratique, leur création et leur diffusion.
Nous voulons construire avec les acteurs, les élus locaux et les citoyens un Plan d’urgence et de relance en faveur du secteur culturel comprenant notamment :
- la mise en place d’un fonds d’urgence pour aider les structures fragilisées et celles qui n’ont pas reçues d’aides de l’Etat,
- des créations de postes dans l’éducation artistique et culturelle,
- des outils de structuration et d’accompagnement
- le développement de la commande publique et l’exigence du 1% artistique pour tous les lieux publics ou subventionnés
Pour rendre plus égalitaire l’accès à la culture entre les territoires et de permettre l’expression de toutes les expressions culturelles nous nous engageons à déployer une offre culturelle sur l’ensemble du territoire, grâce à un maillage de proximité. Pour cela, nous voulons :
- soutenir la mise aux normes des petits lieux indépendants
- développer des pôles d’attractivité et tiers-lieux pluridisciplinaires de proximité en favorisant la restauration de lieux atypiques et de bâtiments patrimoniaux
- dynamiser la présence artistique dans les territoires tout au long de l’année par la mise en place de résidences de territoire, de projets artistiques, notamment par l’acquisition d’outils mobiles de diffusion (chapiteaux, camions-spectacles, péniches..)
- repenser l’accessibilité des lieux de culture, en favorisant notamment les transports publics et collectifs.
Face aux inégalités sociales, nous souhaitons une culture populaire et ouverte à tous. Nous défendons l’idée que la culture est un droit et que chaque personne doit pouvoir y accéder. Pour ce faire, nous ferons en sorte de:
- Renforcer les aides existantes, mieux les faire connaître et les rendre faciles d’accès.
- développer les dispositifs de solidarité et de gratuité (« tickets suspendus », billetterie responsable, carte de transport à tarif réduit).
- mettre en place des actions de médiation et de partenariat entre les structures culturelles, les publics scolaires, les centres sociaux ou les associations d’insertion
- développer des formes et des lieux atypiques désacralisant la culture.
Concernant les moyens, le budget culturel régional sera au minimum sanctuarisé et dès que possible il sera abondé. Celui-ci sera étudié et rééquilibré si besoin entre petites structures et grandes institutions.
Beaucoup d’acteurs culturels font remonter des difficultés à obtenir des subventions ou à les voir réévaluer. Il sera nécessaire de prendre en compte l’inflation et les besoins des structures afin de faire évoluer leurs subventions pour assurer la pérennité de leurs projets dans le temps. Pour augmenter le budget de la culture, nous proposerons d’élargir le 1% artistique à tous les appels d’offres passés par la Région.
COMMENT COMPTEZ-VOUS CONSOLIDER, PÉRENNISER ET DÉVELOPPER L’EMPLOI ARTISTIQUE ET L’ACTIVITÉ DES PROFESSIONNEL·LES ?
Le monde culturel a été particulièrement touché par la crise et de nombreux acteurs sont aujourd’hui fragilisés, sans activité régulière. Pour conserver un écosystème culturel riche et varié, nous mettrons en place un fonds d’urgence exceptionnel à destination des structures dont la situation reste difficile malgré les aides de l’État et toutes celles qui ne bénéficient d’aucune aide.
Faute de festivals, un grand nombre d’acteurs culturels ne pourront pas travailler cet été. Nous voulons donc proposer une aide à la production d’activité afin de maintenir une offre culturelle alternative et donc permettre des emplois. Ces aides devront être suffisamment souples pour s’adapter à de nombreux projets et conditionnées à une production d’activités de nos acteurs culturels bretons. Elles pourront être attribuées pour la création d’événements spécifiques, pour permettre à nos artistes de se produire facilement en Bretagne en étant correctement rémunéré, pour multiplier les projets culturels en lien avec des structures éducatives et sociales, la tenue de résidence hors lieux labellisés…
Nous inciterons les collectivités à prendre toute leur place dans cette relance d’activité par de la commande publique, grâce notamment au dispositif Gip Cafés Culture. Ce dispositif existe depuis plusieurs années et la Région y adhère. Une expérimentation a d’ailleurs été mise en place afin d’étendre le périmètre des employeurs occasionnels. Il nous faudra faire un bilan de cette expérimentation afin de voir si l’enveloppe est suffisante et de quelle manière elle est sollicitée.
De nombreux partenaires institutionnels ne connaissant pas ce dispositif, ni le fonctionnement du GUSO, il nous semble important de proposer rapidement un plan d’informations et de formation.
La crise aura des répercussions plusieurs années et les acteurs culturels auront besoin de sécurité et de visibilité sur le long terme. Nous favoriserons donc des conventionnements pluriannuels leur permettant de se projeter sereinement.
Enfin, le budget de la région alloué à la culture sera étudié et rééquilibré si besoin entre petites structures et grandes institutions car les petites structures sont de meilleures créatrices d’emplois. Des aides seront allouées à la création d’emploi pour les petites structures et à la mutualisation de postes.
COMMENT ENVISAGEZ-VOUS LE DÉVELOPPEMENT DES PRATIQUES MUSICALES ET UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DES DROITS CULTURELS ?
L’accès à une culture riche et diversifiée aussi bien dans sa diffusion que dans sa pratique est pour nous une question centrale. Les pratiques musicales, déjà inégalitaires car fortement liées au dynamisme et volontés politiques locales ont été mise à mal par la crise sanitaire.
Le plan de relance que nous voulons établir doit être l’occasion d’interroger l’existant afin de mettre en place une politique culturelle qui se base sur les réalités, les ressources et les besoins de chaque territoire.
Nous voulons démocratiser l’enseignement musical en développant l’égalité d’accès aux pratiques. Pour cela, il faudra d’une part développer des lieux de pratique et de diffusion (Créations de postes dans l’EAC, les écoles de musique, création de lieux pluridisciplinaires, actions hors les murs des écoles de musique…) et d’autre part mettre en place des aides pour que chacun puisse y avoir accès (chèque culture, location d’instrument …) Enfin, nous veillerons à ce que toutes les esthétiques musicales puissent être accessibles dans les écoles de musique, notamment les musiques actuelles, encore trop souvent absentes.
Nous souhaitons également multiplier les actions de médiations culturelles (résidences artistiques, partenariats, projets culturels, jumelage établissement scolaire/structure ou compagnie culturelle…) en prenant appui sur les professionnels du secteur notamment ceux pratiquant l’éducation populaire comme les MJC, les centres sociaux ou ceux habitués à travailler en coopération avec d’autres secteurs comme les festivals.
Pour une meilleure connaissance et prise en compte des droits culturels, nous mettrons en place des formations pour les élus afin qu’ils puissent mieux percevoir les enjeux et la façon de s’en saisir sur leur territoire.
Certaines formes de musiques actuelles sont encore aujourd’hui stigmatiser et ceux qui les pratiquent ne trouve pas toujours de lieux leur permettant de pratiquer ou de diffuser leurs créations. Nous aurons à cœur de permettre l’expression de toutes les cultures.
Nous aurons également une attention particulière au sujet des bars et cafés-concerts dont le nombre diminue d’année en année. En plus d’être des maillons indispensables pour la diffusion et l’émergence de nombreux artistes, ce sont également des lieux importants pour les liens sociaux et pour certains ce sont les seuls lieux de contact avec la culture. Des aides et accompagnements pour les mises aux normes seront déployées
QUELLES SONT VOS AMBITIONS ET LES ACTIONS CONCRÈTES QUE VOUS SOUHAITEZ MENER POUR SOUTENIR LE SECTEUR DES MUSIQUES ACTUELLES DANS SES ÉVOLUTIONS (ÉGALITÉ ET LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS ET VIOLENCES, TRANSITION ÉCOLOGIQUE, ...) ?
La transition écologique est un enjeu sociétal important. Pourtant aujourd’hui, il n’existe aucune contrainte législative et donc aucune obligation pour les acteurs culturels de les prendre en compte. De nombreux acteurs culturels pourtant décident de mettre en place des démarches et des actions concrètes. Certains y renoncent car cela a un cout trop important sur leur budget.
Nous voulons dans un premier temps, identifier et valoriser les bonnes pratiques afin qu’elles puissent servir de modèles à suivre pour d’autres. Nous proposerons des aides spécifiques conditionnées à des critères environnementaux et sociaux.
Pour qu’un maximum d’acteurs culturels se saisissent de ces enjeux et intègrent ces critères dans leurs pratiques, la mise en place d’un accompagnement sera nécessaire. Au-delà des aides financières, il pourra s’agir de formations, de mises à disposition de matériel, de mutualisations …
De la même manière, il n’est pas concevable que des personnes ne puissent profiter de certaines propositions culturelles en raison d’un handicap. Des critères d’accessibilités seront également intégrés au niveau des dispositifs d’aides régionales. Des accompagnements (formation, aides financières, mise à disposition de matériel…) seront proposées.
Les femmes sont encore sous représentées dans les postes de direction des structures culturelles, dans les programmations et créations artistiques et leurs rémunérations sont en général inférieures à celles des hommes. Pour agir concrètement pour une égalité femmes/hommes, nous soutiendrons les structures qui œuvrent à l’amélioration de la représentativité des femmes dans la culture et les projets artistiques portés par des femmes.
Nous voulons également combattre et déconstruire les stéréotypes de genre par la valorisation du matrimoine, l’introduction massive d’œuvres de femmes dans les formations artistiques et la mise en place de modules de formations spécifiques.
Enfin, nous souhaitons agir contre les violences sexuelles en soutenant les associations, en proposant des formations et des accompagnements aux structures culturelles et en intégrant des modules de formations dans toutes les formations culturelles.
COMMENT SOUHAITEZ-VOUS SOUTENIR ET ENCOURAGER LES COOPÉRATIONS ENTRE ACTEURS, ACTRICES DES MUSIQUES ACTUELLES ET COLLECTIVITÉS ?
La crise sanitaire a fortement impactée l’écosystème culturel et la reprise s’annonce imprévisible à long terme. Les acteurs culturels ont largement démontré leurs capacités d’adaptation mais ils se heurtent encore trop souvent à un manque de connaissances et de réactivité des collectivités.
Ces difficultés ne sont pas nouvelles. De nombreux acteurs culturels rencontrés ces derniers mois nous ont fait part de relation tendues vis-à-vis de leurs partenaires institutionnels. Ces difficultés peuvent être en partie d’ordre financier mais résultent le plus souvent d’une méconnaissance des institutions des réalités du secteur culturel.
Or pour se reconstruire durablement après crise, les acteurs culturels auront besoin de confiance, de réactivité et de visibilité à long terme.
De fait, la création d’une instance de dialogue régionale pérenne de type Coreps permettrait d’instaurer un lien permanent de dialogue, de concertation, de consultation, de réflexion et de propositions entre l’Etat et ses services déconcentrés, les collectivités territoriales, les acteurs culturels, les partenaires et organismes sociaux. Cette instance viendrait renforcer les dispositifs déjà existants tels le Solima (limité au Finistère) ou le Conseil des Collectivités pour la Culture (qui ne réunit que des partenaires institutionnels)
Cette instance permettrait également de réaliser des diagnostics précis, d’informer et de proposer aux collectivités des modules de formation sur les dispositifs encore trop méconnus (Guso, Gip Cafés Culture..), de développer davantage de partenariats et de participer activement à la construction des politiques publiques.
Parallèlement à cette instance, nous souhaitons également mettre en place des outils de structuration du secteur culturel comme la mise en place d’un annuaire d’artistes, de travailleurs, de structures permettant la mise en réseau et le développement de mutualisations d’outils, de compétences, de savoirs faire ou la mise en place d’un espace d’information centralisée qui permettrait d’informer les acteurs culturels de leurs droits, leurs obligations et de les accompagner dans leurs démarches de demandes d’aides, de subventions.